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C’était un vendredi, jour de week-end en Algérie et pour mon premier voyage dans ce beau pays, j’avais hâte de voir autre chose que l’hôtel. C’est ainsi que mon ami Moustapha me proposa de visiter différentes villes dont Tipaza qui se situe sur le bord de la méditerranée.

Dans ce paysage magnifique où la mer se marie avec la montagne, des ruines romaines témoignent encore de la fin d’une civilisation. Quelques touristes comme moi passent d’une ruine à l’autre en s’émerveillant du génie de ‘’nos ancêtres les romains’’.

Un coup de cœur

Non loin du temple anonyme au milieu de tout ce paysage dévasté, un homme tout aussi anonyme est entrain de vernir un arbre. En arrivant à proximité, mes yeux ne peuvent plus quitter les deux arbres aux sculptures incroyables. Tous les passants font de même et veulent même être photographiés auprès des deux œuvres magnifiques!

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C’est alors que je me décide à interviewer cet artiste. Je ne pouvais imaginer comment un homme pouvait passer tant d’heures à réaliser une œuvre pareille pour quelques pièces des touristes. Je me devais de comprendre l’inspiration de l’artiste.

L’artiste s’appelle Issahli Djeloul, il a la soixantaine et depuis l’âge de 15 ans, il aime travailler le bois. L’arbre est un olivier mort, desséché mais encore ancré dans le sol ! Son oeuvre consiste tout d’abord à observer l’arbre et à le sculpter dans le sol en respectant sa forme initiale. Des visages, des animaux, de belles figures s’enchainent mélodieusement chacun donnant place à l’autre tout au long de l’arbre. Une racine prendra par exemple la forme d’un serpent rampant à même le sol.

Selon lui, c’est dieu qui lui a donné ce don de redonner vie aux arbres, de leur redonner une beauté, une utilité pour être de nouveau contemplés.

Il m’apprend même que sa collection ne s’arrête pas aux arbres de ces ruines. Il aime également ramasser des morceaux de bois inutiles rejetés par la mer et selon son inspiration, il le recrée et lui redonne une expression.

Le gardien de l’histoire

En poussant un peu plus loin, il m’apprend que le nom du lieu ‘’Tipaza’’ signifie ‘’ lieu de passage en phénicien’’ Le site daterait de 445 avant Jésus Christ. En quelques minutes, j’apprends à travers cet homme l’histoire du site, les civilisations qui sont passées par là.

Cet homme me fait penser aux gardiens de l’histoire. Il a réponse à tout et dans ce lieu sans guide touristique, nos simples échanges m’en apprennent plus sur la magie de ce lieu. Là où tout semble avoir été détruit par le temps, l’homme a ce pouvoir magique de recréer, de redonner un sens aux choses.

Je n’ai pas de pièces dans ma poche, je viens à peine de toucher les dinars pour la première fois. En fouillant, je retrouve un billet de 5 euro que je me presse de mettre dans son petit panier.

Un tel homme avec tant de talents, comment se fait-il que son œuvre n’est pas connue ?

Aux algériens qui liront ce texte et à ceux qui voyageront en Algérie, visitez Tipaza et ses ruines romaines et surtout, prenez le temps de parler au gardien de l’histoire, vous découvrirez la magie d’un lieu et la passion d’un homme plein de sagesse!

“L’art, c’est donner vie et beauté autour de soi’’